RÉFLEXIONS SUR L’HISTOIRE DE L’ÉGYPTE
2020-05-03BAM – FAQ
2020-07-24Quand il est question de croyance, on pense la plupart du temps à la religion. Il y a les « croyants » et puis les autres, « ceux qui ne croient pas ». Certains d’entre eux se galvanisent d’ailleurs de cet état, se sentant plus intelligents car n’étant pas « crédules » ; ils raisonnent en se servant de leurs méninges et n’ont pas besoin d’un « ami imaginaire », pour expliquer le monde, comme le demande parfois à ses invités l’hôte de Thinkerview.
Mais il n’y a rien de plus faux : le danger de la croyance est justement qu’elle est totalement aveugle et qu’à de rares exceptions près, on croit sans même savoir qu’on croit.
Car c’est inscrit dans nos gènes : l’Homo Sapiens est un animal croyant et nous croyons tous en quelque chose, parfois si fortement que certains d’entre nous sont prêts à prendre les armes pour défendre la « vérité » ou ce qu’ils tiennent pour « vrai ». Mais tout sentiment de posséder La Vérité n’est ni plus ni moins qu’une croyance invisible, voire refoulée, car dans le cas contraire, ceux qui en sont victimes auraient conscience qu’il ne s’agit que d’une croyance, et ne peut donc en aucun cas être La Vérité.
En quoi peut-on croire avec certitude ? Que si on arrête de respirer, on va mourir. Que si on lance un objet, il va retomber sur le sol si rien ne vient le gêner dans sa trajectoire… Et en l’amour ? Certains y croient, d’autres non.
Attention, il faut être vigilant : la croyance est la meilleure porte d’entrée pour toute forme de dictature – politique, économique, religieuse ou intellectuelle – car son problème majeur est qu’elle n’est justement pas ancrée dans l’intellect, mais dans le siège des émotions, obligeant ensuite la raison à pédaler, usant de « biais de confirmation » divers pour donner une sorte de cohérence au système de croyance mis en place. C’est la raison pour laquelle la propagande se fait toujours en stimulant la fibre émotionnelle :
Personne n’a envie de partir en guerre spontanément… alors on gratte la corde sensible. La même chose s’est produite avec l’Axe du Mal des Américains, les propagandes Russes et Ukrainiennes, les propagandes Israélienne et Palestinienne, la propagande de Daesh contre l’Occident, etc. ce ne sont hélas pas les exemples qui manquent à travers le monde… Il suffit juste d’amorcer la pompe, puis ensuite de placer la caméra au bon endroit et la violence des images fait le reste.
C’est ainsi qu’on en arrive à croire toutes sortes de choses sans aucune preuve directe, simplement parce qu’on l’admet sur la foi de l’autorité de celui qui nous l’a dit.
L’amusant là-dedans est qu’un de ceux qui nous met en garde depuis très longtemps contre ce travers est justement un être considéré comme… religieux ! En effet, Bouddha aurait un jour dit :
« Ne croyez pas en quelque chose simplement parce que vous l’avez entendu.
Ne croyez pas en quelque chose tout simplement parce des gens le disent et que c’est répété par de nombreuses personnes.
Ne croyez pas en quelque chose simplement parce c’est écrit dans vos livres religieux.
Ne croyez pas en quelque chose sur la seule autorité de vos professeurs et des anciens.
Ne croyez pas aux traditions parce qu’elles ont été prononcées pour de nombreuses générations.
Mais après observation et analyse, lorsque vous trouverez que tout est en accord avec la raison et est propice au bien et au profit de tous et chacun, alors acceptez-le et vivez pour cela.»
Alors avant que vous commenciez à croire que je serais devenu bouddhiste, je vais prendre un exemple concret de croyance dans le domaine de recherche de BAM ; j’en ai déjà parlé dans ce long billet mais je sais bien que la lecture rebute (pour ça que je fais de l’audiovisuel).
La croyance participe à définir ce que l’on appelle en dramaturgie « le centre du bien », point moral autour duquel oscillent le bien et le mal dans l’univers que l’on crée.
Dans l’exemple qui suit, il s’agira d’un centre du bien « intellectuel » : ce qu’il est « bien ou mal » de penser.
À gauche de l’image jointe, vous voyez un monolithe de plus de 1 000 tonnes (certains parlent de 1300 tonnes), appelé « Pierre de la Femme Enceinte ». Il se situe au Liban, au bas d’une pente menant au pied des fondations du Temple de Jupiter, oeuvre romaine, composé de blocs aussi démesurés, comme on peut le voir sur l’image du bas.
À droite, voici ce qui émane d’un archéologue du CNRS et qui représente ce qu’il est « bien » de penser : qu’avec quelques hommes, des cordes et des cabestans, il soit possible de transporter en pente un bloc aussi imposant sur près de 900 mètres, puis ensuite de le hisser sur les quelques mètres restant à parcourir à cet endroit (à environ 10% d’inclinaison) et de le manoeuvrer ensuite pour le mettre en place, sans briser les angles ou les coins (ce qui n’a l’air de rien quand on ne sait pas de quoi on parle).
Ça, c’est donc ce qu’il est « bien » de penser.
En revanche, ce qui est « mal », c’est d’oser critiquer cette hypothèse, et le Pr Davidovits en a un jour cruellement fait les frais
Vous noterez également au passage que pour le croyant, celui ou celle qui pense différemment est une personne à abattre, et pour ce faire, tous les coups sont permis car pour lui « la fin justifie ÉVIDEMMENT les moyens ».
Nous venons de traverser plusieurs millénaires jalonnés de conflits et de guerres entre des factions qui croyaient toutes détenir une Vérité… qu’on attend toujours.
Il est peut-être temps de cesser de croire pour enfin, sans laisser de côté ce qui nous gène, chercher à comprendre le monde qui nous entoure.
BAM s’inscrit tout entier dans cette démarche.
5 Comments
A quand un prochain documentaire comme celui ci le plus réel et intéressant et c’est documentaire qui m’a fais le plus cogité. Bravo à toute l’équipe !
Film extraordinaire repose sur des questions qui auraient du être posées depuis biens longtemps, vu le progrès vertigineux de la science.
Que faire après ce fikm ?
Soit on avance, soit on recule.
Bonjour
Je suis un grand fan de votre project et un chercheur autodidacte dans des sujets en rapport avec les thématiques abordées en BAM (que je regarde en ce moment sur A.Prime). J’habite à Bruxelles et si je peux vous être utile en quoi que ce soit n’hésitez pas à me contacter.
Josè
Bonjour,
J’ai trouvé cet article approprié pour réagir et vous transmettre quelques unes de mes observations personnelles, ce que j’avais envie de partager avec vous.
Puisque nous sommes sur la thématique de la croyance, ce qui peut impacter positivement ou négativement (aveuglément) les recherches archéologiques et l’histoire, j’espère vous laisser quelque chose de plus positif me concernant :).
Ayant été élevé dans la foi chrétienne depuis ma plus jeune enfance, j’ai pris l’habitude de lire et d’étudier la Bible régulièrement jusqu’à aujourd’hui. Soyez sans crainte, je ne viens pas faire de prosélytisme, ce n’est pas mon but. Je dis ceci par soucis d’honnêteté : j’ai un passé, un héritage, des convictions, des croyances, j’ai vécu des expériences et j’ai aussi mes tords dans tout ça :). Voici donc ma réflexion :
Dans le premier livre de la Bible, qui relate les origines de l’humanité selon la tradition judéo-chrétienne, nous découvrons des hommes qui possédaient d’entrée de jeu des connaissances très avancés dans divers domaines. Selon Genèse chapitre 4, la descendance de Caïn savait construire des villes, les hommes maitrisaient l’élevage, ils forgeaient des outils de bronze et de fer, et avaient la capacité de fabriquer des instruments de musique complexes (harpe, flûte préhistorique à anche double ou chalumeau).
D’autre part, la suite du texte montre que les hommes pouvaient vivre millénaire (ou presque). C’est dans cet environnement là qu’apparait également l’arche de Noé, un autre projet de type « pharaonique ». Puis survient le déluge. Les années de vie des hommes commencent à diminuer peu à peu, chaque génération vivant moins longtemps que leurs pères. Il ne faudra pas plus de 10 générations pour que les années de vie des hommes se stabilisent autour des 100-120 ans (pour les plus robustes).
Lorsqu’intervient le projet de construction de la tour de Babel, le texte nous laisse entrevoir que les hommes pouvaient vivre encore quelques centaines d’années : Héber est un contemporain de Nimrod. Nimrod règna sur Babel. Or Héber vécut 430 ans. (Cf. Genèse 10 et 11)
Et pour construire une tour qui s’élève jusqu’aux cieux (bon personne ne sait réellement la taille), il faut de solides fondements, et on peut supposer que les hommes avaient les connaissances de leurs ancêtres pour entreprendre ce projet pharaonique. Mais en vivant de moins en moins vieux et en ayant de moins en moins de temps, le savoir-faire périclite.
Il me semble intéressant de relever la tradition hébraïque, vieille de plusieurs millénaires, qui considère que les hommes à l’origine des civilisations avaient de grandes connaissances, et elle ne les présente pas comme les chasseurs-cueilleurs académiques. La Genèse est le premier livre de la Torah (la Torah = pentateuque = 5 premiers livres de la Bible : Genèse, Exode, Lévitique, Nombre, Deutéronome). Selon la tradition hébraïque, la Torah se veut être la transmission (écrite) la plus vieille du monde. Bon, du moins c’est l’un des plus vieux écrit qui nous est parvenu jusqu’à nous aujourd’hui (et qu’il faudrait pouvoir étudier en hébreu afin d’éviter, s’il est possible, les multiples dérives de traduction qui se sont succédés au fil des millénaires). Toutefois, outre la tradition écrite, la Torah possède une tradition orale plus ancestrale, et une partie a été mise par écrit. C’est ce qui en fait la transmission potentiellement la plus ancienne.
Bon tout est question de croyance me direz-vous peut-être. Notons tout de même qu’au regard de cette tradition, elle suggère que les premiers hommes n’étaient pas ceux dont nous nous en sommes fait une idée aujourd’hui. Probablement, les transmissions orales étaient monnaie courante, le savoir se transmettant de « bouche à oreille ». Un savoir qui s’est perdu avec le temps, sans la trace ou avec la perte d’écrits.
Autre réflexion : on ne traite et on ne vit certainement pas un projet de la même manière lorsqu’on vit 1000 ans et lorsqu’on vit 100 ans. Vous avez 10 fois plus le temps pour travailler « l’art du geste » et pour être aguerri. Ici il ne s’agit pas de géants ou encore d’êtres célestes, angéliques ou autres (bien que la Bible en parle). Il s’agit bien d’hommes et de femmes jusqu’à ce qu’une catastrophe naturelle vienne mettre un coup d’arrêt : pour la Bible il s’agit du déluge.
Un autre détail biblique a attiré mon attention :
A l’époque de Héber (et de Nimrod), la terre était partagée, elle était divisée (cf. Genèse 10 verset 25). C’est pourquoi Héber donne le nom de Péleg à son fils (Péleg signifie division en hébreu). Il se pourrait qu’à cette époque la terre bougeait. Peut-être que les continents dérivaient ? Je spécule. Peut-être n’est-il pas étonnant de retrouver ces constructions somme toute anti-sismiques, aux 4 coins de la Terre, sur divers sites archéologiques tels que mentionnés dans BAM.
Je vais conclure. Au regard de la Bible (je plaide coupable, j’ai choisi de regarder les évènements sous cet angle :P), il n’est pas saugrenu de croire que de telles civilisations avancées aient pu exister. Je pense que la Bible le suggère même. Et il est peu d’écrit qui, aujourd’hui, présente les choses de cette manière.
Néanmoins ça nous laisse sur la faim, car tout ceci n’explique pas comment et dans quel but les sites observés ont été construit. Le mystère reste immense :).
Un grand bravo à toute l’équipe BAM pour vos travaux, vos observations, vos recherches. Vous sortez clairement du lot. J’ai pu assister à votre dernière tournée BARABAR au Mans.
Vous réalisez un travail passionnant ! BRAVO !