CARAL SUPE, PÉROU


À la recherche de la cité-mère.

Dans la région de Lima, province de Barranca, au Pérou, dans un désert proche de la cote pacifique, on a découvert une vaste cité, remarquablement organisée, avec ses rues, ses places, ses habitations, ses amphithéâtres et ses temples pyramidaux, témoignant d’une très grande maîtrise de l’architecture. Ce vestige de la plus ancienne cité mésoaméricaine connue à ce jour fut construite par la civilisation dite de Caral, encore dénommée Norte Chico ou Caral Supe datée de 5.000 ans, soit 3.000 ans avant notre ère, grâce aux analyses au C14 effectuées sur des sacs « jetables » en roseau ayant servis à transporter des matériaux destinés à être entassés comme bourrages remplissant l’intérieur des pyramides.

Cette gigantesque « cité mère » serait donc contemporaine des pyramides de Gizeh, si l’on s’en tient à la datation communément donnée par l’égyptologie – qui elle ne repose pas sur l’utilisation du C14. Selon l’archéologie officielle, la vie de la Cité de Caral se serait arrêtée aux alentours de – 1.800 avant notre ère, soit il y a environ 3.800 ans, suite à un ou plusieurs séismes ou à des catastrophes climatiques selon les différentes hypothèses.

Faisons une parenthèse géographique : ces dates, naissance en -3.000 et déclin en – 1.800 avant notre ère, coïncident avec celles d’un autre site archéologique ancien, se trouvant lui aux antipodes exactes de Rapa Nui, dans la vallée de l’Indus dans l’actuel Pakistan : Mohenjo Daro.

Si les légendes les plus diverses ont pu circuler au sujet de ce site, Graham Hancock remet les pendules à l’heure dans l’interview intégrale donnée dans le cadre de BAM. Cette cité méconnue de Mohenjo Daro semble présenter, à une époque très reculée par rapport à ce qui est supposé se passer sur le Vieux Continent, une infrastructure relativement développée. À ce titre, la page Wikipédia rapporte : “On estime généralement la population de la ville à 40 000 personnes. Les fouilles ont révélé, outre les maisons d’habitation comportant souvent une salle de bain, une latrine, un système de drainage des eaux usées, un confort probablement inventé par cette civilisation, ainsi que des greniers.”
Mais pour quelle raison la cité de Caral, découverte en 1905 et réellement fouillée à partir de 1990, a-t-elle posée un énorme problème aux archéologues qui l’ont étudiée ? Bien que cette thèse ne fasse pas consensus, beaucoup de chercheurs pensent que cité et guerres sont intrinsèquement liées et que la guerre serait même le moteur de la civilisation.

Notre Histoire raconte communément que par peur de l’envahisseur et pour se défendre des agressions extérieures, les humains se sont regroupés en tribus, puis en villages, cités et villes, sous l’égide de chefs charismatiques, ce qui aurait donné naissance à ces formes de civilisations. Mais les archéologues anglo-saxons Haas et Creamer, qui ont tenté de vérifier partout où ils le pouvaient cette théorie, ont justement échoué à Caral.

Qui dit défense dit généralement remparts, tours de guet, protections diverses, or rien de ce type n’a été retrouvé dans la cité de Caral. On n’a pas non plus retrouvé d’armes… et lorsqu’a été découvert un squelette enfoui dans le sol d’une habitation, si l’on a cru un moment être en présence, comble de l’horreur, de sacrifices de bébés, les analyses ont démontré que l’enfant était mort sans violence, chéri par ses parents qui avaient même accompagné sa dépouille de bijoux.

Nous sommes passés d’une cité bâtie par peur d’un danger extérieur – la guerre – puis par peur d’un danger intérieur – le sacrifice – pour finalement se rendre à l’évidence de la possibilité d’une chose improbable : cette cité a visiblement vécu en paix durant plus de 1000 ans, en coopération commerciale avec ses voisins.

Ce qui en dit long sur le formatage de l’humain moderne, auquel il apparait naturellement improbable que l’on puisse vivre en paix pendant de longues périodes… Écoutant Mallku Aribalo nous parler de ses ancêtres, observant les prouesses d’ingénierie que sont ces temples pré-Incas, Incas ou attribués aux Incas, on est heurté par le contraste de la représentation commune de ces peuples, qui des milliers d’années avant la vieille Europe, étaient bien plus en avance que nous dans le développement de la civilisation : quelque chose ici, tout comme à Gobekli Tepe, ne colle pas dans notre Histoire.

C’est ce qui laisse envisager une ou plusieurs récritures de l’Histoire de l’Amérique du Sud et Centrale : pour s’accaparer ses terres et ses richesses, il fallait impérativement que ce peuple soit barbare et sauvage… et surtout pas trop civilisé. Portons un regard froid et dépassionné sur notre histoire humaine, et tentons de regarder objectivement : soit les pré-Incas et les Incas étaient effectivement tels qu’habituellement représentés, façon indigène sanguinaire, et il parait difficilement envisageable qu’ils soient les auteurs de ces sites majeurs, soit ils ne le sont pas et les ont hérités.
Poussons la réflexion plus avant encore, on en vient à penser que c’est le fait de croire que nous avons toujours pratiqué la guerre, qui pourrait nous permettre d’accepter sans sourciller l’inacceptable, à savoir que notre économie mondiale repose en très grande partie sur le commerce de la guerre et que de fait, il ne pourra jamais y avoir la paix.

(extraits tirés du livre BAM)